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Témoignage

PHILIPPE POZZO DI BORGO ET BÉNÉDICTE : À CŒUR OUVERT

Conversation à bâtons rompus entre Philippe Pozzo di Borgo, président d’honneur de la Fédération Simon de Cyrène et Bénédicte, membre du groupe des compagnons. Tous deux se livrent en vérité, témoignant de leurs vies en fauteuil. Et si le bonheur était tout simplement dans une relation à l’autre réinventée ?

La solitude, c’est être isolé par le regard de l’autre

Bénédicte : On n’attend pas d’être cassé pour être seul ! C’est l’individualisme qui en est la cause. J’ai vécu 18 ans normalement. Depuis 2010, j’ai eu de multiples cassures. Je suis en fauteuil depuis 2014. Je connais les longs mois de solitude, notamment l’été à l’hôpital. On essaye de faire avec, nous n’avons pas le choix. La solitude, c’est d’autant plus pesant en fauteuil, on est isolé car on ne peut pas accéder à tout. Si on pouvait avoir des ailes !

Philippe : J’ai visité un laboratoire qui travaillait sur la mobilité de la personne handicapée. On ne sort pas de la solitude en étant plus mobile. Le problème c’est être en relation. Chacun est seul et le valide a peur du handicap. Cela accentue la solitude de la personne handicapée. Elle est isolée par le regard de l’autre.

Bénédicte : C’est aussi une question de caractère : s’en sortir ou se lamenter. Je ris pour ne pas pleurer. Je passe mon temps à essayer d’avoir le moral, à être optimiste. Je compte beaucoup sur mes amis. Rien qu’avec un coup de fil, ils rompent ma solitude.

Le mieux est d’être dans la relation

Philippe : Que faire pour ne pas être dans la souffrance ? Le mieux est d’être dans la relation.

C’est gratuit, il n’y a pas de compétition, pas de performance, pas le besoin de ressembler à quelque chose. Ce qui dénature l’homme c’est notre société individualiste. Simon de Cyrène est une thérapie, un antidote !

Bénédicte : Sans les autres nous ne sommes rien. Je sens que je leur apporte un petit quelque chose. Ils m’en sont reconnaissants et cela me fait du bien.

Philippe : J’ai 22 ans de « métier ». Il faut que les autres comprennent que l’on peut leur apporter quelque chose. On sait les écouter, on n’est pas seulement la personne handicapée qui demande de l’aide. On peut les réconforter, les guérir de leur activisme.

Mon frère a mis du temps avant de m’approcher de nouveau. Maintenant, ce grand gaillard se penche sur moi pour prendre conseil et se désarmer. C’est là notre rôle.

Propos recueillis par Armel et Isabelle, compagnons Simon de Cyrène à Nantes.

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