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Témoignage

JE SIGNE POUR METTRE PLUS DE VIE DANS LA VIE DE CHACUN

Après avoir fait des études à l’Ircom d’Angers, Constance a travaillé dans le domaine de l’audit et du management. Toujours soucieuse de mettre du sens dans son travail, Constance s’est laissé tenter par l’aventure des colocations Simon de Cyrène entre personnes handicapées et personnes valides, les maisons partagées. Elle est arrivée en 2021 pour être responsable d’une des maisons partagées qui s’ouvrait à Lyon en juillet 2021.

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre ce poste de responsable de maison ?

Ce qui me plaisait dans la mission proposée des maisons partagées à Lyon, c’était de participer à l’ouverture des maisons. Il y a un sacré défi dans cette nouvelle aventure car tout est nouveau pour tout le monde. Il y a tout à construire. J’étais aussi très attirée par la vie communautaire et le fait de travailler en équipe. Cette mission de responsable de maison arrivait à un moment où j’avais besoin de m’ancrer, de m’enraciner quelque part après avoir beaucoup voyagé à l’étranger. C’est une mission qui demande du temps pour se déployer. Le temps des relations humaines. Comme j’ai la bougeotte, cette mission est un défi personnel pour moi.

 

Quel est votre rôle ?

Mon rôle est de coordonner l’accompagnement des résidents, de leurs familles et des assistants de vie qui aident les personnes au quotidien. Je dois veiller au bien-être des résidents et cela ne se fait pas uniquement à travers les soins médicaux, l’hygiène et la sécurité mais aussi et surtout dans la vie partagée au quotidien : les repas, les temps de fête, les activités et loisirs de chacun doivent permettre que les résidents se sentent chez eux et qu’ils soient acteurs de la vie de la maison.

Cela prend du temps car les relations, l’apprivoisement des handicaps et des personnalités de chacun demandent du temps. Chacun doit pouvoir trouver sa place. C’est le plus grand défi de cette aventure.

À Simon de Cyrène, le quotidien peut être à la fois très répétitif car il y a besoin de repères pour chacun et en même temps chaque petite chose devient une aventure car nous souhaitons que chacun participe. C’est la marque de fabrique Simon de Cyrène ! Écrire une carte d’anniversaire par exemple peut prendre beaucoup de temps si on veut que chacun signe ou mette un message selon son souhait et ses capacités. Cela demande aux équipes beaucoup de créativité et d’imagination.

Je dois aussi veiller au rayonnement extérieur de la maison, c’est-à-dire créer des liens avec nos voisins, avec le quartier, les associations locales et avec la ville. C’est important de témoigner de ce que l’on vit et de s’enrichir de ce qui est proposé autour de nous. Il nous faut être dans l’initiative de la rencontre et dans l’audace.

 

Votre regard sur l’année passée ? L’installation des résidents, la mise en place du rythme, des activités…

Les résidents sont arrivés tous en même temps en juillet 2021 ; chacun avec leur personnalité, leur manière de fonctionner et leurs attentes propres. Leur arrivée était un soulagement pour les familles et pour eux, et en même temps, il a fallu que chacun fasse un travail de détachement affectif très difficile. Les personnes avec un handicap sont très sensibles et souvent auto-centrées. Ils ont dû apprendre au fil des jours à dépasser les angoisses liées à leur handicap et les peurs qu’ils avaient vis-à-vis du handicap des autres. Peu à peu, des affinités se sont créées.

Au bout de 365 petits déjeuners, ils apprennent à s’encourager et à se réjouir pour les uns et les autres. Ils sont épatants du souci qu’ils ont pour chacun. Ils ont vraiment conscience de ce qui se passe autant pour les résidents que pour les salariés et ceux qui sont au service.

Assez rapidement, nous voulions aider les résidents à s’ouvrir à l’extérieur, qu’ils aient une vie en dehors de la maison, en ayant chacun leurs activités propres. Par exemple, Myriem aime la peinture. Ensemble, nous avons trouvé une association de peinture qui accepte de l’accueillir. Il y a eu une première tentative avec une association mais finalement ça n’a pas marché. L’expérience a été retentée avec une autre association. Tout cela prend du temps, des semaines, des mois.

Aujourd’hui, les résidents participent à des ateliers philo, théâtre… L’un est bénévole en comptabilité, un autre fait du handisport, de la piscine, d’autres des maraudes… Nous avons monté quelques partenariats avec des associations et des structures. Certains résidents vont par exemple lire des contes aux enfants de l’école qui est dans le même immeuble que nous.

Et nous avons noué des amitiés avec nos voisins : les serveurs du bar au pied de l’immeuble nous connaissent bien et l’un d’eux vient répéter ses solos de guitare chez nous, un couple voisin de 90 ans nous a ouvert les portes de sa maison de vacances à Annecy où nous avons débarqué à douze, un formidable souvenir pour tous.

 

Quelles ont été les difficultés et les grandes joies de cette année ?

Ce sont souvent des jeunes en Service Civique qui ont du mal à comprendre que les choses prennent du temps si on veut impliquer chacun. C’est notre défi quotidien. Ne pas faire pour les personnes handicapées mais avec elles.

Ma grande joie, c’est de voir peu à peu le lien d’amitié qui se tisse et se laisse voir dans des toutes petites choses. Par exemple, un matin, une résidente avec un handicap est arrivée au petit-déjeuner en poussant un autre résident en fauteuil roulant. Il y a une complicité et une attention à l’autre qui se disait et se voyait. Ils se soutiennent dans leur handicap. Ce travail d’ouverture aux uns et aux autres est long et magnifique.

 

Qu’est-ce que votre mission de veiller à la vie commune entre personnes handicapées et valides vous apporte et vous apprend ?

J’apprends chaque jour à consentir au temps. Quand l’équipe est arrivée, j’ai dû laisser le temps à l’équipe que chacun expérimente. Cette maison se construit avec les uns et les autres, au rythme de chacun. Ce n’est pas ma maison, c’est celle de tous. Chacun y met sa pâte à son rythme. Le quotidien est souvent difficile. On traverse des passages à vide, parfois très longs. Mais j’expérimente qu’il faut rester dans l’espérance. Il y a toujours un moment où ça va mieux. À Simon de Cyrène, on signe pour mettre plus de vie dans la vie de chacun, ce n’est pas rien !

 

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